PARMI NOS DISCORDS...


Parmi nos discords, le Seigneur Dieu frappe
            L’airain géant
Car voici d’un Slave, au trône des papes,
            L’avènement.
Il ne fuira pas, comme on l’a vu faire
            L’Italien :
Bravant comme Dieu les armes, la terre
            Pour lui n’est rien.

Le Verbe rayonne sur sa figure,
            Phare aux zélés :
Les peuples guidés vers où Dieu fulgure
            Vont déferler.
Non le peuple seul fait ce qu’il décrète
            Mais, mieux encor,
S’il veut l’ordonner, le soleil s’arrête :
            Miracle, aux forts !

Il est près... – des forces globales mène,
            Neuves, au jour,
À ses mots le sang qui coule en nos veines
            Rebrousse cours !
Muée en ruisseau, la flamme divine
            Aux coeurs a pris,
Réalisant tout ce qu’elle imagine :
            Aux forts, l’esprit !

Quelle force, afin d’ôter aux entraves
            L’oeuvre de Dieu !
Et voici que sort un pape des Slaves,
            Frère d’entre eux !
Voici qu’il répand des baumes aux plaies
            De notre coeur,
Son trône saint un choeur d’anges balaie
            Avec des fleurs.

Il répand l’amour comme les royaumes
            Leurs feux mortels,
Se montre, le monde au creux de sa paume,
            Surnaturel.
Vers lui la colombe, en un hymne d’ailes,
            Vole annoncer
Que déjà l’esprit (ô douce nouvelle !)
            Brille, encensé !

L’azur sur son front ouvre sa couronne
            Des deux côtés
Car lui, pour créer le monde et le trône,
            Fut suscité.
Par les nations il agit en frère
            Mais sans cacher
Que les esprits vont à leurs fins dernières
            Sur des bûchers.
Cent peuples, aidant sa force sacrée,
            Tiendront ses bras,
Force qui sera par l’esprit montrée
            Dès ici-bas.
Vous verrez l’esprit sous une apparence
            Puis découvert,
Chasser des blessures en pustulence
            Serpents et vers,
Apporter santé, amour, renaissance
            À l’univers.
Il va nettoyer des choses immondes
            Nefs et portails,
À plein jour montrant de l’Auteur du monde
            Le saint travail !



1848.


Traduit du polonais par Roger Legras.