La mort de Slowacki

(3 avril 1849)

 

L’année 1849 fut, pour la Grande Émigration, une année néfaste. Le « Printemps des Peuples » s’est écoulé sans apporter la moindre réalisation aux espoirs des Polonais. Dans les murs de Paris dépérissaient, à la fois de nostalgie et de maladie incurable, Frédéric Chopin et son compatriote, le poète Juliusz Slowacki.

Depuis sept ans, Slowacki vivait en solitaire au 30 rue de Ponthieu, dans le Quartier des Champs-Élysées, dans un modeste appartement de deux pièces, au 5e étage. Parmi les seuls amis et connaissances qui venaient le voir assez régulièrement, il n’y avait que deux compatriotes : Zygmunt Felinski, le futur archevêque de Varsovie et le poète Cyprian Kamil Norwid, et deux Français : le jeune peintre Charles Pétiniaud-Dubois, son exécuteur testamentaire, et Millet, le gardien de l’immeuble, qui passaient souvent la nuit près du malade.

Felinski, qui étudiait alors à la Sorbonne, a laissé dans ses Mémoires (Pamietniki, publiés en 1895) une description assez détaillée des derniers instants de la vie de Slowacki que nous reproduisons ci-après avec la traduction française. Nous la faisons suivre de l’amical hommage de Norwid à son ami Slowacki, dans l’élégante version de Paul Cazin.